Aujourd’hui, il est temps de désacraliser le JOUR J. À savoir, notre folle journée d’expatriation. En raison de la liste interminable de questions/réponses avec notre entourage et ta moitié, tu as déjà dû t’imaginer un million de scénarios différents. Ensuite, tu vas te battre contre toi-même. Bien que ce soit la bataille la plus difficile et la moins évidente à remporter, la finalité de ton aventure se passera sans doute bien mieux que tu l’auras présagé.
Quoi qu’il en soit, cela faisait 18 mois que nous en parlions, c’était LA JOURNÉE que nous attendions avec tant d’impatience et que nous appréhendions tellement ! En vue de te dévoiler quasiment heure par heure le déroulement de notre périple, je reste volontairement sur le fuseau horaire français (HAEC / UTC+2) afin de faciliter la lecture et garder une certaine lisibilité tout au long de cet article.
Nous sommes le 15 juillet 2019. Action !
4h : démarrage de notre journée d’expatriation
Le réveil sonne. Autant dire que la nuit fût quelque peu agitée et plutôt courte. Pourtant, nous avons été raisonnables la veille. Autrement dit, plus aucune invitation n’avait été acceptée et les valises étaient bouclées à midi. Mais en Alsace, c’était période de canicule et le mélange d’émotions, les pensées qui se bousculent, l’excitation et le stress inconscient n’étaient pas là pour arranger la situation.
5h15
Trois voitures arrivent, pile à l’heure. Famille et amis sont au rendez-vous. Autant dire que ce n’est pas du luxe. Pas moins de six valises, trois sacs à dos, un chien (et sa cage) sont du voyage. C’est l’heure de dire au revoir à mes parents. Les accolades, les « schmoutz » (je reste alsacien), les mots doux chargés d’émotions ont mêlé de nombreux sentiments dans cette nouvelle page que nous allons bientôt écrire.
Allez, en route vers Strasbourg.
6h45
La gare de Strasbourg
GRAND chargement des valises et de la cage dans le TGV. Si tu dois passer par la case SNFC, un seul conseil : l’anticipation.
Primo, réserve ton billet en première classe via la SNCF, 3 mois avant la date exacte de ton départ. Les tarifs sont abordables et tu bénéficieras de bien plus de place pour tes bagages. (Ou 9 mois avant pour OUIGO. Par exemple, un Strasbourg/Paris + supplément bagages = 62€ pour deux adultes et un enfant) Deuxio, soit sur le quai une demi-heure minimum avant l’heure de ton départ, afin d’être le premier à INVESTIR (oui, c’est le mot exact !) la voiture.
Rebelote, des larmes, des sourires, des câlins et des au revoir, fiers, le cœur serré, mais soulagé d’avoir osé franchir le cap de cette routine asphyxiante. L’aventure commence.
9h08
Nous voilà arrivés à Roissy-Charles de Gaulle. Le TGV s’arrête directement dans l’aéroport. Non seulement des passagers nous aident à descendre les valises du train, mais c’est aussi l’occasion d’échanger quelques mots avec une femme, qui m’interpelle en me disant que ça lui rappelle son voyage lorsqu’elle avait vécu 2 ans à Montréal : ça ne s’invente pas !
10h
En principe, nous décollions toujours du Terminal 2, pile au-dessus des quais. Pas aujourd’hui, forcément ! Nous arrivons au Terminal 3, qui se trouve à exactement 21min à pied après avoir emprunté le Shuffle CDGVAL. Quelle expédition ! Plus précisément, des portiques où il est impossible de passer avec un chariot (nous en avions deux) puis une arrivée sur le quai avec un ascenseur en panne. Un grand merci au personnel compétent et accueillant des aéroports de Paris. Vous avez assuré !
10h40
Sur les quais de Roissy-Charles-De-Gaulle
Enfin, nous enregistrons nos valises. En règle générale, lorsque tu attends l’ouverture des guichets d’enregistrement, tout le monde s’occupe comme il peut. On se regarde, on tourne en rond, tu bouquines, tu checkes les réseaux et tu patientes. Mais pas aujourd’hui. En effet, « chargés comme jamais » (aucune allusion faite à une parodie YouTube qui me fait bien marrer), nous attirons l’attention. Reste que, nous aussi, sommes sans doute plus ouverts et plus observateurs. De ce fait, nous entamons la conversation avec un couple et leur chien : futurs expatriés à Montréal. Puis, nous sympathisons avec une famille et leurs deux chiens, qui projettent de s’installer au nord-est de Québec. Le hasard n’existe pas !
12h03
En ce qui me concerne, et je parle au nom de toute la famille, c’est sans doute le moment le plus inquiétant de ce voyage. La prise en charge de Néo par le staff d’Air Transat. À ce propos, je t’invite à lire mon précédent article qui te guidera parfaitement pour assurer la réussite du voyage de ton petit protégé à quatre pattes. Contrairement à ce que nous pouvions penser, nous avions anticipé tout ce qui pouvait l’être. À partir de maintenant, il était inutile de se préoccuper l’esprit, nous n’étions plus maître de la situation. C’est pourquoi nous avons tourné les talons immédiatement. Notre avion décolle dans 1h40, il serait temps que nous passions la douane !
13h05
En raison d’une file d’attente monstrueuse à la douane et d’une perte de temps certaine, mais volontaire pour nous assurer que notre boule de poils soit sereine, nous arrivons enfin à la porte d’embarquement. Les appels ont déjà été faits, les dernières catégories s’avancent vers l’hôtesse. Pas de temps à perdre, nous mangerons pendant le vol. Nous y sommes !
13h40
Embarquement immédiat sur le tarmac
Quoi qu’il arrive, décollage imminent. En tout état de cause, je ne m’avancerais certainement pas en disant que c’est une des rares journées de ta vie, où certes tes pensées se bousculent, mais tu n’as aucune crainte d’avoir oublié quelque chose à la maison ! Tout est dans la soute ! Tu es libre, de tout engagement professionnel, matériel et dans notre cas, bancaire. L’espace d’un instant, il n’y a que nous, nos valises, notre projet qui tient dans 2 cahiers classeurs, sans aucune visibilité (inconcevable il y a encore 2 ans plus tôt pour une personne comme moi). J’insiste sur ce point, car jusqu’au passage à l’immigration, tu ne sais pas si tu auras ton permis. Je n’avais pas encore de job et nous n’avions aucune certitude sur l’appartement que nous avions loué au 1er juillet, sur photos. Et pourtant, je n’avais jamais été aussi serein et heureux de toute ma vie. Quel paradoxe.
20h41
C’est fait ! Pour la 3e fois en 12 mois, nous posons le pied sur le sol canadien. Sauf que cette fois-ci, c’est un aller simple. Direction le hall de récupération de nos bagages et les retrouvailles avec Néo. En passant, le vol s’est très bien déroulé. Les équipes d’Air Transat étaient très serviables.
21h15
Le soulagement. Premièrement, nous récupérons enfin Néo. Deuxièmement, nous retrouvons nos valises. En temps normal, tu as toujours un peu de stress inexpliqué de ne pas voir ta valise sortir du tourniquet, mais ce jour-là, tout particulièrement. Peut-être parce que « toute notre vie » se trouve dans ses valises.
21h45
“Le réso” c’est comme l’expatriation : une fourmilière. Un plan, de nombreuses issues possibles.
Maintenant, la tension monte. La file d’attente ressemble à celle d’une administration française. Sauf que dans quelques instants, nous allons savoir si notre dossier est complet dans la base de données de l’immigration, si nous n’avons pas oublié une pièce justificative ou un original je ne sais où et surtout si nous allons enfin recevoir nos permis.
23h50
Cette fois, c’est officiel ! Nous sommes résidents temporaires du Québec pour 3 ans et 3 mois. L’aventure peut continuer. En théorie, le passage à l’immigration aurait pu se limiter à une petite demi-heure. Néanmoins, suite à un problème dans les transmissions d’informations relatives à l’enregistrement de mes données biométriques, nous avons dû patienter. À ce moment précis, même toi tu doutes de ton passé. « Pourquoi ils n’ont pas encore reçu les informations sur mes empreintes ? Mon casier est vierge non ? Je n’ai pas commis d’infractions ? Qu’est-ce qu’ils ont trouvé ? Rien de tout ça, puisqu’il n’y a rien. Je te rassure, simplement un bug informatique. Pour ça, il n’y a pas de frontière. Heureusement, ils ont été adorables. Sincèrement.
00h14
Je revois encore cette scène. Aline s’est installée dans un abri de bus, avec tout notre paquetage. Mon Champion et moi sommes partis chercher un taxi, qui nous a déposés dans l’agence de location située à 5 min. Effectivement, l’aéroport de Québec n’est pas celui de Montréal avec ses nombreuses agences de locations de véhicules positionnées directement dans le parking de l’aérogare. Nous voilà équipés d’un Dodge Grand Caravan. Oui, rien à voir avec le Jeep Grand Cherokee et le BMW X5 de nos précédents Road Trip, mais c’est vraiment l’idéal pour une famille d’expatriés ! Nous aurions pu rentrer quelques valises supplémentaires. Fun Fact? Une douanière s’est assise avec Aline pour lui tenir compagnie pendant sa pause. Entre quelques conseils, elles ont échangé ensemble sur les us et coutumes québécois.
2h10
On the Road
Enfin, nous arrivons à Saint-Georges-de-Beauce. Soit 21h30 après notre départ. Cette ville d’environ 34 000 habitants se situe à une heure de route au sud-est de la ville de Québec. Tandis que notre arrivée approche, il est maintenant l’heure de nos premiers achats québécois. Néo a faim et il nous faut un matelas pour dormir. Notre appartement n’est pas meublé. Nous faisons le ravitaillement pour les produits de première nécessité.
3h06
Fin de notre premier magasinage (il n’est jamais trop tôt pour s’intégrer). Et “just WOW” ! Concrètement, c’était plus que prévisible, mais je me suis rendu compte que les automatismes et les habitudes culturelles sont encore bien plus ancrés que nous ne pouvions l’imaginer. Surtout, si tu manges bio, comme nous, ou si tu fais simplement attention à ton alimentation. L’adaptation sera longue et complexe. Je préfère te prévenir.
3h25
À première vue, on s’est dit : “enfin arrivés ! Dans quelques minutes, on pourra poser nos valises et aller se faire un bon resto.” Mais à bien considérer les choses, nous avons vite déchanté. L’appartement, qui n’avait pourtant qu’un an, était dans un état pitoyable. Je vous passerais les détails, mais je n’aurais même pas laissé Néo cinq petites minutes à l’intérieur le temps de nous chercher de quoi nous mettre sous la dent. Sauf qu’au Québec, il est 21h30. J’ai pris mon cellulaire (l’intégration, un état d’esprit) et j’ai appelé le commercial de l’agence, via Messenger, qui heureusement, a répondu.
4h30
Finalement, nous entrons dans un autre appartement dans le bâtiment voisin. Il reste encore quelques finitions à réaliser, mais il est neuf. Oui, le commercial s’est déplacé à 22h pour nous reloger). C’était essentiel, car après une journée d’expatriation comme celle-ci, on avait vraiment besoin d’un finish plutôt positif. Nous avons résilié le bail quelques mois plus tard. Pour en savoir plus à ce sujet, je t’invite à lire l’article que j’ai consacré au logement. En attendant, vu l’heure, tout est fermé. Nous avons dû nous rabattre sur un Tim Horton pour chercher un sandwich. Tellement cliché !
5h12 : la fin de notre journée d’expatriation
Et voilà, c’est l’heure de gonfler notre lit acheté chez Wallmart un peu plus tôt. Une “bonne nuit de sommeil” nous attend après un voyage de 25h12. À trois, sur un matelas gonflable. Une expatriation, ça se mérite. Mais surtout, le jeu en vaut réellement la chandelle. Par conséquent, tu as maintenant une vision un peu plus précise de cette étape tant attendue : la journée d’expatriation. Alors je sais pertinemment que c’est en faisant des erreurs que l’on devient meilleur, mais j’espère sincèrement avoir pu t’apporter quelques astuces intéressantes. Donne-moi tes impressions en commentaires et partage cet article sur les réseaux si certaines étapes énoncées ci-dessus t’ont poussé à mener une réflexion sur un sujet précis, ou simplement à te fait sourire.
En attendant, peu importe le projet, rappelle-toi “qu’il n’y a qu’une façon d’échouer : c’est d’abandonner avant d’avoir réussi”.
À très vite dans un prochain article.
Bye-Bye !
© Stalimapics – Profiter de l’instant. Vivre, simplement !
Hello, très bien ton article. Juste une précision, vous avez fait Roissy-Québec sans escales?
On se demandait pour notre prochain voyage si c’était possible ? Air Transat et Air Canada et Air Swiss c’est tout le même groupe non? Merci de ta réponse et bonne continuation à vous 3 et au plaisir de travail lire😉
Hello ! Je te remercie pour ton commentaire. 🙂 Oui, nous avions choisi un vol direct CDG (Paris) vers YQB (Ville de Québec) pour éviter de faire subir une escale à notre chien. Les vols sans escales sans passer par Montréal sont assez rares et un peu plus chers. C’est pourquoi habituellement nous atterrissions à Montréal. Mais en fouinant, tu peux trouver de bonnes opportunités. Et finalement, si c’est pour un Road Trip, atterrir à MTL c’est l’idéal. À visiter c’est top et les voitures de loc sont à 2 minutes des douanes. Sinon, pour la petite parenthèse “informations aériennes” :D, Air Transat (n°2 Canadien) a effectivement été racheté par Air Canada (N°1), mais reste souvent un peu plus abordable, de part son positionnement et sa flotte sans doute. Swiss Air par contre appartient à la Lufthansa ;), mais le groupe possède une entente avec Air Canada. Ils sont “partenaires d’exploitation à code multiple” et font tous deux partie du groupement “Star Alliance” qui regroupe de nombreuses compagnies aériennes.
Vous comptez venir au Québec prochainement ? Bonne continuation également ! À bientôt.
J’aime beaucoup ton récit : il m’a rappelé des souvenirs 😉 !
Les grosses valises avec le regard des autres passagers à l’aéroport, (touristes pour la plupart, interloqués par ta montagne de valises …), la joie, malgré l’incertitude.
Et l’incroyable sentiment de partir avec un aller simple …
Merci pour ton blog, et bon courage pour la suite de tes aventures, d’une expatriée (à Maurice, l’autre bout du monde pour toi), à un expatrié !
Merci Pascale ! 🙂 J’imagine, peu importe la destination, l’expérience, même si elle s’avère unique, se ressemblera forcément sur certains points… Merci de t’être arrêté par ici et de m’avoir fait repensé à l’océan indien, aux mauriciens si bienveillants et accueillants, à la sega, à la barrière de corail et son écosystème unique au monde et aussi à ces succulentes mines frits dégustées au bord de l’eau…! Wow, que de beaux souvenirs…. En espérant que tu puisses tout de même prochainement profiter de la fête des lumières… 😉 À bientôt.
[…] famille expatriée au Québec : Stalimapics. J’y ai beaucoup aimé, entre autres, le récit de leur journée de départ d’expatriation : j’ai des souvenirs en commun (la montagne de valises, la joie, le ressenti si particulier du […]
Hello, l’expatrié fou…
Moi je ne lis rien pour le moment, je fais des réserves de lecture pour ma quatorzaine prévue en janvier…
alors continue à publier, faudrait pas que je m’ennuie 😉 et en attendant belle journée à toi
Héhé, l’expatrié fou, j’adore !! 😀 C’est génial, le grand départ approche !! Ok, je vais essayer de m’activer alors pour éviter que tu t’ennuies.. 😉 À bientôt.
Hello,
De ce que je vois, l’entrée au Canada est limite le parcours du combattant. Beaucoup de chose. Donc il faut prévoir beaucoup de choses en amont dont le double du dossier limite. Mais c’est toujours bon d’avoir de retour complet comme cela. Au moins, nous savons à quoi nous attendre et ce n’est pas négligeable.
Merci
Effectivement, il peut s’agir d’un vrai combat. 🙂 Mais ça vaut vraiment le coup. Il y a des avantages et des inconvéniants partou, mais le plus important selon moi, c’est de choisir SES contraintes… 😉 Merci pour ton commentaire.