– Article Défi 10/26 –
Comme dans chaque pays et chaque région, difficile d’éviter les clichés. C’est pourquoi, les Québécois n’échappent pas à cette règle. Je vais faire le tour avec toi des 10 idées reçues sur le Québec qui entretiennent encore et toujours le mythe. Dans cet ordre d’idées, je devrais défendre chaque point objectivement et… bien évidemment que non. Premièrement, je vais te démonter que les idées reçues sur le Québec ne sont pas (totalement) fondées. Deuxièmement, second degré oblige, je vais entretenir certains mythes, car toutes ces “légendes” n’ont pas été véhiculées jusqu’ici gratuitement. “Ça n’a pas de bon sens, fait que” je te laisse découvrir la suite. Bonne lecture.
1. Le Québec est francophone, c’est comme la France, la Belgique ou la Suisse !
Absolument pas. Oui, c’est une province francophone, mais ce n’est pas “le même français” comme me l’a dit un client. Ou plutôt, “je ne parle pas le même le français qu’eux autres”. Oui, il faut avoir du second degré pour s’expatrier. Bien évidemment, nous nous comprenons, mais l’ancien français est bien plus présent et un nombre incalculable de mots de vocabulaire est emprunté aux voisins américains. En effet, j’ai l’habitude de dire que j’enrichis mon dictionnaire chaque jour. Pour le plus grand bonheur de mes collègues d’ailleurs, qui adorent s’amuser de cette situation. D’autant plus que le Québec, c’est un peu comme la France. Amuse-toi à faire le tour des campagnes françaises. Nous verrons ensuite si tu seras capable de comprendre un alsacien de la même manière qu’un Breton, qu’un Toulousain voire un ch’ti pure souche….
2. Le Québec c’est l’Amérique !
Géographiquement, oui, forcément, “mais pas que”. Le Québec est un bel (le meilleur ?) exemple de brassage multiculturel. L’histoire n’est peut pas être aussi chargée que le vieux continent, mais elle est tout de même très enrichissante et intéressante.
Bien évidemment, culturellement parlant, le rouleau compresseur américain et ses fidèles Jedis de la surconsommation et du marketing de masse ne pouvaient pas laisser indemne la Belle Province. De plus, économiquement parlant, il faut savoir que 20% du PIB Québécois dépend directement des USA. 28% des productions québécoises y est destinées. Parallèlement, 71% des importations au Québec proviennent des États-Unis. Un tel partenaire historique et frontalier modifie indéniablement le mode de vie d’une population et son impact est bel est bien présent.
L’avantage réside dans la force de caractère des Québécois. Ils ne se laissent pas dicter une façon de vivre. J’ai l’impression qu’ils essayent de prendre le positif de chaque situation et tente continuellement de ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Enfin, pour donner raison à ce cliché, il suffit de faire un petit road-trip pour s’en apercevoir. Voitures, architectures, commerces, consommation, nature à couper le souffle, cette façon de parler qui enchante notre ouïe et j’en passe, nous rappellent bien évidemment que les “Etats” ne sont pas très loin…
Pourquoi donc avoir cette certitude ?
Il ne faut pas oublier que nous parlons d’une Province qui fait 3 fois la taille de la France avec 8 fois moins d’habitants. La réalité économique n’est pas la même qu’en Europe, avec ses avantages et ses inconvénients. Comme me la présenté de manière analogique quelqu’un que j’apprécie beaucoup ici, il suffit de retenir une seule phrase pour comprendre cette proximité : “si les États-Unis éternuent, le Québec a la grippe”. Et je crois que le gouvernement en a pris pleine conscience avec ce premier trimestre historique. Je t’invite donc à visiter la belle initiative initiée par le Gouvernement intitulé : LE PANIER BLEU .
3. La tenue officielle c’est, la chemise à carreaux, la barbe, la tuque !
Non, ça, c’est la définition d’un hypster ! Et lui c’est mon Champion, qui essaye de ressembler à un Québécois, rien à voir. Globalement, chaque idée reçue a forcément une part de vérité. C’est bien pour cette raison que la première chose que tu recherches dans une boutique de fringues canadienne, c’est une chemise à carreaux rouge et noir. Soyons réalistes, tu n’auras jamais vu autant de carreaux aux pieds carrés.
4. Les Québécois ont un drôle d’accent !
À ce sujet je vais être très bref. Exceptionnel n’est-ce pas ? Prends un “break” de quelques minutes et surtout ne “prends pas de chance” (l’intégration est de retour) de te ridiculiser en public. Dépêche-toi d’aller lire mon précédent article sur les 8 erreurs à éviter en arrivant au Québec. Les Québécois n’ont pas d’accent, c’est toi l’étranger “Mister” ! ; )
5. La cabane au fond de la forêt et la chasse !
Sur ce point, il y a deux écoles. D’une part les citadins : soit Montréal et Québec qui représentent quasiment 30% de la population québécoise (2,3 millions d’habitants pour 8,48 millions d’habitants au total soit 27,3% exactement pour celles et ceux qui seraient du genre pointilleux !). D’autre part, les gens des régions, la province, ou même parfois appelée la campagne. De facto, statistiquement, tes chances de croiser un chasseur québécois sur un ski-doo au beau milieu du Plateau ou du Petit Champlain sont bien plus minces que si tu te promènes au fin fond de la Gaspésie, en Beauce, ou au Nord de Saguenay. Histoire de stopper net les aprioris, la chasse est TRÈS réglementée et “essentielle”.
Je ne suis pas un partisan de la chasse, mais quand un adepte t’explique que celle de l’orignal dure 15 jours en Beauce au lieu de plusieurs semaines en Gaspésie, car l’espèce y est moins présente, je commence à trouver ça logique. De plus, il ne peuvent que chasser les mâles afin d’assurer un meilleur taux de reproduction. Là, je commence à comprendre le concept.
Au sujet de la cabane, il faut avouer que nombreux sont ceux qui adorent “partir au chalet en fin de semaine”. En même temps, quand tu auras découvert la magie d’un chalet au milieu du bois, toi aussi tu voudras faire partie “de la gang” ! (processus d’intégration en chargement)
6. Au Canada, on trouve facilement un job et très bien payé en plus !
À en croire les nombreux expatriés qui n’imagine pas faire machine arrière, le marché de l’emploi est bien plus attractif qu’outre-Atlantique, entre autres. Mais reste prudent dans l’interprétation de toutes ces informations. D’une part, le taux de chômage est bien plus faible (2% dans la Beauce par exemple, 3 à 4x plus maximum dans le reste de la Province en fonction des endroits) et une population vieillissante, ce qui génère un manque de main d’œuvre considérable. D’autre part, un dynamisme et une croissance économique qui feraient jalouser de nombreux pays européens, avec un marché bien plus ouvert et un business mindset ô combien différent (le rêve américain) qui offre inévitablement des opportunités incroyables.
Donc oui, au salaire minimum de 13,50$ CAD bruts, tu pourras démissionner toutes les semaines et trouver un job dans la journée, c’est une certitude. Parallèlement, sache que le salaire horaire moyen se situe aux alentours des 21$. Pour y prétendre, voire plus, il va déjà falloir avoir des compétences particulières, une expérience probante, faire quelques concessions (usines, shift de nuit, etc..) ou avoir fait tes premières armes en tant que nouvel arrivant pour gagner la confiance de ton employeur et prouver ta valeur ajoutée. Il faut savoir redémarrer en bas de l’échelle et être pragmatique pour faire la différence.
7. On se déplace en Ski-doo et en chiens de traîneaux !
Exact. Lors des road-trip, ou des activités hivernales. Au risque de t’étonner, il existe aussi des chars (voitures), des camions (pick-up), des 4 roues (quad), tu verras c’est révolutionnaire. Sinon, à Saint-Georges, nous avons la chance d’avoir le Taxi Bus. Il s’agit d’un réseau extraordinaire de taxis qui rayonnent sur la ville, sur demande, à prix TRÈS attractif (2.50$ la course avec abonnement ou 4$ pour les non-membres sur plus de 400 stations). Bref, désolé de briser le mythe, mais je ne me déplace pas avec ma meute d’Alaskans pour aller chercher le pain. D’une part, tu pensais sérieusement passer la boulangerie chaque jour ? (minute de silence) D’autre part, je viens de te confirmer qu’il existe encore une paire d’idées reçues sur le Québec (et ailleurs). Les mushers n’utilisent pas nécessairement des huskies, trop nerveux et moins obéissants.
8. Au Québec, il fait froid !

Tout est relatif. Pas très convainquant comme premier argument je te l’accorde. Froid par rapport à quoi ? Nous n’avons eu que 7 jours (j’adore les chiffres tu le sais, j’ai absolument tout comptabilisé !) ou le mercure est descendu sous les – 30°C de fin novembre à mi-mai.
Mi-Mai??? Faites le 9-1-1, oups, le 15, euh, je veux dire le 18, tous mes nouveaux lecteurs et la grande majorité de mon entourage viennent de perdre connaissance. Effectivement, j’ai fêté mon anniversaire sous la barre des 3°C et deux jours plus tard, nous nous sommes réveillés avec 10cm de neige. “Ce n’est pas le monde des bisounours” ! À savoir que cette année est exceptionnelle selon notre entourage.
Mais, comme tout argument, il est possible de prouver le contraire, je me dois de te révéler la vérité. Concrètement, si tu t’équipes convenablement et que tu t’adaptes à chaque situation, tu n’auras pas froid ! Sauf si tu réalises des défis stupides, ou si tu vas boire une tasse de chocolat en pleine tempête de neige sur ta terrasse, simplement vêtu d’un bonnet comme unique vêtement pour une story instagram.
9. Ils se nourrissent exclusivement de poutines et de sirop d’érable !

Et ils ont bien raison, “c’est bon en maudit, Tabar….” (Checkpoint de l’intégration atteint. Rendez-vous au prochain niveau). Bien sûr que non, ils boivent aussi de la bière, mangent du fromage en grains et boivent un demi-litre de café Tim Hortons chaque matin ! Bienvenue au paroxysme du cliché.
Plus sérieusement, oui la poutine a un succès dingue et se décline en autant de variétés que les spécialités boulangères en France (vous avez dit du pain ? Ou ça ??) ou que la charcuterie en Bavière. Mais bien sûrs que non, ils n’en mangent pas à tous les repas. Uniquement une fois sur deux.
Ensuite, en ce qui concerne le sirop d’érable, je n’ai absolument aucun argument. À ce propos, viens découvrir les cabanes à sucre ici ! L’or brun coule à flots, partout, et se marie parfaitement avec presque n’importe quoi. Des pancakes ? Des poivrons marinés avec de petits oignons ? Des pacanes (noix de pécans) ? Du poulet ? De la glace ? Du bacon ? Des pommes de terre sautées ? Des œufs brouillés ? Des saucisses ? Des desserts ? Je pourrais en faire un article exclusivement dédié.
10. Le Hockey est une religion. Les Québécois ne jurent que par ça !
NHL? LNAH ? Ligue mineure ? Patinoire “sauvages” ? Hockey libre ? Le hockey est partout. Certes, il s’agit du sport le plus populaire au Québec et même au Canada, mais les Québécois sont aussi fans de football (pas le football européen, appelé le soccer ici ,mais le “football américain”), du baseball, mais aussi de la crosse ! Je t’invite vraiment, même si tu n’es pas un fan de sports, de faire en sorte de voir un match de chacune des disciplines. Ambiance garantie.
BONUS 11. Au Québec, on croise des ours et des orignaux en allant faire son épicerie !
Bien entendu, mais aussi le monstre du Loch Ness dans le Saint-Laurent et le Yeti dans une grotte du Massif du Sud. Trêve de plaisanterie, notre guide du Parc de la Jacques Cartier nous disait avoir croisé une dizaine d’ours tout au long de l’année 2018. Ce n’est pas rien ! Je n’en ai pas encore vu. Par contre, je rêve de voir un orignal ! À contrario, tu vas voir des écureuils partout ! Le moment idéal pour un petit point culturel. L’écureuil n’a absolument pas de mémoire. Il va enterrer ses réserves sans jamais les retrouver, sauf s’il retombe dessus par hasard. Du coup, il tourne tout l’hiver à la recherche de vivres.
Paradoxalement, le “Petit Suisse” (Alvin, des Chimpmunks, la référence facile pour tous les parents) creuse des terriers et fait des réserves. Lui par contre, c’est le champion du monde de la mémorisation, il peut donc se la couler douce en pleine saison hivernale et s’offrir le luxe d’hiberner. Merci à mes adorables propriétaires de partager leur savoir avec nous, pour notre plus grand plaisir.
Pour la petite histoire, Churchill, est une petite ville du Manitoba qui se situe à quelques kilomètres de l’Arctique. Elle est surnommée, la capitale de l’ours polaire. La raison ? Chaque automne, il y a plus d’ours polaires que d’habitants ! Fun fact? Les habitants ne verrouillent jamais les portières de leurs voitures. Pour la bonne et simple raison où tu tomberais nez à nez avec ours afin que tu puisses t’y réfugier rapidement. Car contrairement à l’ours noir nord-américain, qui est réputé plutôt craintif (dans l’est du pays, où il a de nombreuses forêts où se cacher) l’ours blanc, lui, est du genre curieux et adore s’inviter ou bon lui semble. Incroyable non ?
BONUS 12. Le système de santé est très coûteux et inaccessible, comme aux USA !
“Dispendieux” ? (objectif intégration) Oui, bien plus que le système français, naturellement, au bord de la rupture, ne l’oublie pas. Comparable aux USA ? Absolument pas. Le Régime d’Assurance Maladie du Québec (plus connu sous son acronyme : RAMQ) est l’équivalent de cette “belle” CPAM française. Globalement, les taux de couvertures sont inférieurs à ceux de la Sécurité Sociale, notamment sur l’optique, le dentaire et une partie des médicaments. Mais l’accès aux soins ne te coûtera pas plus cher qu’en Europe si tu y es affilié (l’entente franco-québécoise est très arrangeante !). Quant à elles, les assurances collectives (aussi coûteuses qu’une mutuelle française) remplissent bien leur part du contrat.
De plus, l’assurance-médicaments peut être remboursée via le crédit d’impôt, idem pour les cotisations d’assurances collectives et les médicaments non remboursés. Selon moi, tout est une question de point de vue : un système par répartition qui fonctionne sur le principe des vases communiquant en redistribuant de manière inéquitable le solde du pot commun n’est pas viable. Il faut donc accepter de cotiser, pour être bien remboursé. Toutes proportions gardées, cela va de soi. Ce n’est que mon point de vue, que je partage ! ; )
Pour conclure sur toutes ces idées reçues sur le Québec
Elles ont forcément été inspirées de faits probants, d’une partie de réalité et d’une volonté commune parfois, d’entretenir le mythe. Bien évidemment, comme très souvent, l’image d’une situation est souvent soumise à l’exagération pour que ça devienne plus plaisant et bien plus amusant.
Quoiqu’il en soit, n’oublie pas de prendre cet article au second degré. Rappelle-toi également que tu peux rire de presque tout et qu’il est important de faire preuve d’autodérision quand on s’apprête à taquiner son prochain. Alors, dis-moi en commentaire quelles sont les idées reçues que tu as toujours eu sur le Québec, celles que tu as déjà entendues, et partage avec moi lequel de ces 12 clichés complètement subjectifs t’as fait sourire.
À très vite, pour un nouvel article !
Bye Bye
© Stalimapics – Profiter de l’instant. Vivre, simplement !
Poutine Tuque chemise 😊 👍🏻
Le trio gagnant ! Bien joué ! 😀
J’ai bien aimé le point 7 sur les déplacement en char’ camion ou 4 roues 😂 Mais le point 9 remporte ma préférence car la nourriture “cliché” : Poutine, sirop d’érable, pancakes… Car même si cela n’est pas complètement vrai, c’est assurément ce que l’on raconte quand on revient chez nous en France 😍😜
Héhé, “la bonne bouffe ” marquera toujours les esprits !! 😀 Et si ce n’est pas complètement, ça n’est pas complètement faux non plus… 😉
Ton blog est super. Je n’ai pas l’intention de m’expatrier au Canada (je suis expatrié en Suisse 🙂 ). Mais j’ai bien des amis là-bas, et découvrir ce pays sous ton regard est très agréable. Merci
Hey, merci Guillaume ! 😀 C’est marrant, nous avions aussi songé à la Suisse comme second choix (de proximité) si nous n’avions pas pu partir au Canada. Nous étions presque frontaliers, dans le Centre-Alsace. 😉
[…] ceux qui veulent entreprendre une démarche d’expatriation au Canada, et en particulier cet article qui partage avec bienveillance et honnêteté leur […]