L’adaptation au changement est essentielle dans la vie et a rythmé la nôtre ces dernières années. Notre expérience nous permet donc de traiter ce chapitre du logement avec le recul nécessaire. Nous sommes arrivés au Québec le 15 juillet 2019. Nous avons (RE)déménagé le 28 octobre 2019. Il faut que tu saches qu’en 14 ans de vie commune, c’était notre 9e déménagement. Rassure-toi, on ne se soigne absolument pas. Sans le savoir, je crois que nous avions toujours cette espèce de grain de folie dissimulé en nous. On retrouve donc dans mon Top 3 des priorités, après les permis et l’assurance maladie, le logement. Je te vois arriver : le job ou les études sont aussi des impératifs, mais l’un ou l’autre déterminera déjà le permis du “candidat principal”, soit Aline, dans notre cas. Le second aura tout le temps de trouver un emploi une fois sur place. Je traiterais le dossier “vie active” un peu plus tard. Le plus important est donc de se trouver un toit et plus particulièrement un petit nid douillet ou tu te sentiras bien. Et j’insiste bien sur ce point, car tu n’auras ni amis, ni famille, ni “vie sociale” en arrivant et les réseaux sociaux ou les échanges de type Skype ne suffiront pas. Je vais donc évoquer dans cet article notre parcours, quelques astuces, mais aussi les erreurs à ne pas commettre. Voilà encore un autre intérêt de ce blog (un vrai couteau suisse) : essuyer les plâtres pour te permettre de ne pas reproduire les mêmes erreurs que nous ! C’est cadeau… 😉
À quel moment démarrer ses recherches ?
Ta date d’arrivée sera déterminante pour débuter tes recherches. Si c’est un permis d’études, ton autorisation d’entrée sur le territoire se fera certainement en décembre pour le démarrage de la session de janvier, ou en juillet pour la rentrée mi-août.
Dans tous les cas, il faudra lancer ta prospection au moins 6 mois avant. Aline a démarré sa première session le 16 août 2019. Nous avons commencé à sonder le marché à notre retour de notre Road Trip hivernal fin février. En quelques chiffres : 3 semaines de recherches acharnées, 50 annonces sélectionnées au minimum pour 1 réponse positive. Si tu as ce type de prévisions dans ton business plan professionnel, change de secteur d’activité, de modèle économique ou trouve-toi vite une autre idée… Faillite assurée! 🙂
Lexique…
Ton futur logement ne sera pas classé dans les catégories que tu as pu connaitre en France (studio/2 pièces/3 pièces, etc..). Une petite leçon de vocabulaire s’impose :
- 1 et 1/2 = studio
- 2 et 1/2 = 1 kitchenette + 1 chambre séparée
- 3 et 1/2 = 1 cuisine complète + 1 chambre fermée
- 4 et 1/2 = un 3 pièces en France, soit 2 chambres fermées et ainsi de suite pour les 5 et 1/2, etc.
- Un condo = un appartement.
- Un stationnement = un parking (oublie stp les anglicismes, le Québec attache une importance suprême à la préservation de la langue française, signe d’appartenance culturel, historique et de distinction de la “Belle Province”. Pour les plus curieux, allez feuilleter la “Loi 101” 😉 )
- Un locker = un espace de rangement intérieur ou extérieur. (Oui je te le confirme, nous nageons en plein paradoxe. Pas d’anglicisme, mais du vocabulaire anglais est utilisé dans toutes les conversations^^). Cette région n’aura pas fini de t’étonner.
- Duplex/Triplex = deux appartements dans une résidence/ 3 logement etc..
- Chauffé = le chauffage est inclus dans le loyer.
- Éclairé = l’électricité est comprise dans le loyer.
- Semi-meublé = l’électroménager est mis à disposition par le propriétaire.
- Meublé = Bienvenue, tu n’as plus qu’à déposer tes valises. Tout est prêt !
- Demi-sous-sol = étage sous le rez-de-chaussée.
- Pieds carrés = Et là, c’est le drame ! Tu roules en km/h, pas en miles/h, mais tu mesures en pouces et en pieds. Les volumes liquides sont quantifiés en litres et pas en galons, et tu pèses en livres, pas en kilos… Je viens de perdre 50% des lecteurs. 🙂 Rassure-toi, j’ai prévu une astuce mémo-technique : 1 pied / 3 = 1m. 1 pied² /10 = 1m² / 1 pouce x 2,5 = 1 cm.
Que faut-il savoir ?
Au Québec, certains codes culturels et autres normes sont à connaitre avant de démarrer ses investigations :
- Calendrier : les Québécois déménagent le 1er juillet. Si, si c’est vrai !
- Bail : Les baux courent donc de cette date jusqu’au 30 Juin suivant.
- Résiliation : Sauf cas exceptionnels gérés par la Régie du Logement, il est impossible de rompre un bail avant l’échéance initialement signé entre les deux parties. Tu comptes déménager ? Mets-toi au boulot et trouve un locataire à qui tu pourras céder ou sous-louer ton logement, sinon tu seras voué à y rester, ou à payer deux loyers.
- Caution : finis les 3 mois payables d’avance. La caution par les bailleurs est interdite ! Autant dire que les propriétaires peuvent se montrer TRÈS exigeants et sélectifs. (anecdote insolite : un appartement nous a été refusé, car nous avions….. un enfant!) Certains (très peu) ont intégré un cautionnement dans les prises de garanties quand nous avions fait notre demande. Sache que si tu te décides à laisser une caution pour remporter la maison de tes rêves, en cas de litiges sur la récupération de la somme, il te sera inutile de saisir la justice : la loi dit « pas de caution ».
- Attends-toi à voir des conditions que tu n’auras jamais vu auparavant dans les annonces immobilières : « chats dégriffés », « chiens de moins de 30 lbs » ou le plus souvent, « animaux interdits » ! Autant dire qu’avec Néo, notre Berger Australien d’environ 64 livres (29 kg), 95 % des propriétaires nous ont fermé leurs portes. Je t’avouerais que nous étions à deux doigts de désespérer. Nous avions donc envisagé de rédiger avec l’un ou l’autre bailleur une « annexe au bail », quitte à devoir laisser une caution, au risque de la perdre. Nous étions en Mars, les annonces défilaient en nombre, le manque de disponibilités aussi.
- Le renouvellement : il est de coutume ici, de prévenir son propriétaire aux alentours du mois de mars, pour lui spécifier si oui ou non tu comptes prolonger ton bail au 1er juillet. D’où cet « affolement » en Mars, où l’offre et la demande explosent !
- L’assurance habitation est facultative au Canada, mais vivement conseillée, inutile de le préciser. La Resonsabilité Civile fonctionnant sur un principe quasi identique qu’en France, il serait selon moi, inconscient de faire l’impasse sur une telle couverture (d’autant plus qu’en Beauce, nous constatons une différence de coût annuel inférieur de 20 à 30% par rapport à notre précédente police d’assurance en Alsace, à garanties identiques et donc comparables).
- L’eau est gratuite. Et en tant que locataires, nous n’avons même pas de taxe d’acheminement à payer ! Néanmoins, une utilisation responsable des ressources reste de mise, pensons à la planète! Et rien n’est jamais acquis, il semblerait qu’à Montréal un dossier serait à l’étude concernant la facturation de certains services liés à la consommation de l’eau.
- Le marché : plus de 50 % des biens ne sont pas diffusés sur les plateformes ou sous forme d’annonces conventionnelles. Sachant que tu n’es pas sur place, tes recherches devront être efficaces et organisées.
Ou chercher ?
Le marché de l’immobilier au Québec est simplement hallucinant ! Dans certains secteurs, tu ne traverseras pas une seule rue sans apercevoir 2 , 3 voir 4 panneaux « À vendre » ou « À louer », avec la belle photo de l’agent immobilier tout sourire et son numéro de cellulaire (je m’intègre!).
Les supports à privilégier :
- Les groupes Facebook : très répandus et exploités, c’est grâce à ce biais que nous avons trouvé notre premier appartement. « Logements à louer en Beauce » / « Locations appartement en Beauce » / « Beauce à vendre » sont des exemples parmi tant d’autres. Il en existe pour chaque région du Québec. Le réseautage est monnaie courante au Québec. L’utilisation de ces réseaux est très fréquente, plus ouverte (job, immobilier) et moins cloisonnée qu’en Europe.
- Kijiji : « Ki… quoi » ? K-I-J-I-J-I… C’est pourtant simple non ? Tu commences à retenir des références de meubles Ikea, ce n’est pas ce site web qui va te faire peur ! 😀 Pour faire simple, c’est notre LEBONCOIN national. Même principe, même fonction, sans ce orange omniprésent qui te pique les yeux…
- LesPacs : une autre plateforme, sensiblement ressemblante à Kijiji. Je la trouve juste moins pratique d’utilisation et moins pertinente en termes de recherches. Sinon les outils sont identiques, la messagerie et les fonctionnalités aussi.
- Les médias de proximité (ex chez nous : Enbeauce.com)
- Les associations locales ou les organismes dédiés (comme le Carrefour Jeunesse Emploi : quelle belle rencontre!)
Quelles ont été nos erreurs ?
- Une seule journée de repérage pendant nos vacances de février.
- Aucune visite de logement sur place.
- Ne pas relancer assez vite certains propriétaires. Les Québécois mettront tout en œuvre pour te rendre service ou t’aider, mais si tu veux quelque chose, il faut le demander. Sinon, très souvent ils estimeront que tu n’as besoin de rien. N’attend pas la réponse, va la chercher.
- Prendre à la lettre certaines annonces en démarrant nos recherches. (Animaux refusés ? Envoie un message ! Maison à vendre ? Tu cherches une location ? Envoie un message ! Historique de crédit exigé ? Envoie un message !) 😀
Mes conseils…
- Si possible, faire du repérage sur place. Si tu comptes t’expatrier, un aller-retour marathon pour aller visiter plusieurs logements n’est vraiment pas du luxe (état général, environnement, isolation, nuisances, proximité, accessibilité, infrastructures, écoles, etc..)
- Provoque le destin : une maison ou un appartement est à vendre ? Propose de le louer. Tu es sur place et tu aperçois un panneau « à vendre » ou « à louer » : va frapper à la porte.
- Ton autorisation d’entrée sur le territoire tombe en milieu de mois ? Propose comme nous de payer le mois complet.
- Montréal est à quelques degrés près sur la même longitude que Paris, mais garde toujours à l’esprit que l’hiver démarre en novembre et terminera en avril (et une véritable saison froide !) Il faudra donc anticiper tes déplacements et prévoir des durées de trajet bien plus importantes que celles que te donnera Google Maps.
- Un garage ? Un parking couvert ? Un Carport ? Un Tempo = un abri pour ton char (je m’intègre ! ;)) : FONCE ! Ça n’aura pas de prix en hiver ! ^^
- Réponds aux annonces en fin de soirée ou début de matinée heure française. Tu auras des réponses entre 12 et 14h. Idéal pour échanger toute la journée avec les propriétaires et programmer des visites virtuelles (skype/messenger) plus tard dans la nuit(entre 23h et minuit)
- Si tu es un futur étudiant, contacte ton centre de formation ou ton CEGEP. Il y aura certainement un responsable des étudiants internationaux qui pourra t’aider dans tes démarches, t’orienter, voire même réaliser des visites et de faire un débriefing par la suite.
- Contacte les associations locales de ta future ville d’accueil. Elles seront sans doute extrêmement efficaces et très pertinentes.
- « Tout est possible à celui qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais » : je ne t’inciterais pas à demander la lune, mais s’il y a une sensation unique et indescriptible que nous avons ressentie en arrivant ici, c’est que tout est réalisable ! Il n’y a rien de comparable sur le « Vieux-Continent », alors lance-toi ! 😉
Notre situation à J + 132 après notre arrivée…
Exit le 4 et 1/2 en plein centre-ville, cosy, neuf et bien situé pourtant, mais néanmoins si loin de nos attentes (photos 3, 4, 5 et 6) et de notre mode de vie. Notre nouvelle location est une maison jumelée d’environ 200 m² à l’extérieur de la ville (5 min), sur 2 niveaux (rez-de-chaussée et sous-sol), avec une forêt privative, un carport, 4 places de stationnement, le déneigement des extérieurs sous-traité et des propriétaires retraités exceptionnels.
À titre d’information, Saint-Georges est une ville de 33 000 habitants, qui se situe à une heure au sud-est de la ville de Québec et à une trentaine de kilomètres de la frontière du Maine (USA). Le loyer de notre premier appartement (environ 70 m²) était de 595 $ CAD/mois (407 €), 2 places de stationnement, un locker et ordures ménagères compris + environ 45 $ par mois électricité et de chauffage.
Aujourd’hui notre maison nous coûte 850 $ CA/mois (581 €). Pour limiter les dépenses d’électricité (prévisionnel selon l’ancien locataire = 100 $ CAD/mois!), nous nous sommes procuré 4 cordes de bois de chauffage pour 320 $CAD (219 €).
Côté dépenses, un article sera consacré exclusivement à notre budget mensuel détaillé.
Tu trouveras un petit aperçu de notre nouveau “chez nous” ci-dessous.
J’en profite pour féliciter Aline, qui a su embellir notre ancien appartement, au même titre que notre petit cocon de bonheur, grâce à ses nombreux talents. Elle n’est pas en DEC Design d’Intérieur pour rien ! 🙂
À très vite !
Bye-Bye
© Stalimapics – Profiter de l’instant. Vivre, simplement !
Voilà j’ai tout lu. Mais ça me paraît pas simple par apport â la 🇨🇭. Les loyers y a pas photos. Ici c’est 1700 à 2000€/mois pour 4 1/5 pieces. Suivant où même pour un 3 pièces. Pour le reste étant pas sur place ça me semble pas facile. Peut-être que qqun de retraité c’est différent. J’admire votre courage et détermination. Continuer de nous informer et de nous faire rêver malgré tout. A bientôt
Hello Laurence ! C’est certain que le marché Suisse et le coût de la vie est incomparable ! J’ai pu le constaté, vivant à proximité de Bâle depuis mon enfance, nous sommes allés à plusieurs reprises dans ton beau pays… 🙂
Merci pour tes encouragements. C’est certain qu’une expatriation n’est pas évidente, mais loin d’être impossible. 😉 Si c’est difficile, c’est que le jeu en vaut peut être la chandelle… 😀
Un prochain article devrait arriver sous peu.. Merci de faire partie de l’aventure ! Bon week-end !