[ Edit ] Cet article a été réalisé dans le cadre de ma collaboration avec La Beauce Embauche dont l’objectif est de promouvoir la Beauce et ses avantages économiques, professionnels et environnementaux. Le choix de mise en avant de cette ferme bio en Beauce est une volonté personnelle et non intéressée. En effet, tu n’y trouveras aucun lien affilié ni aucune incitation commerciale. Simplement le partage objectif d’une initiative locale que j’ai choisi de mettre en lumière afin de lui offrir plus de visibilité. Car c’est un ensemble d’actions individuelles qui font que nous réussissons collectivement. Bonne lecture.
En arrivant en Amérique du Nord en tant qu’européens, nous avions deux principales craintes : le système de santé et l’alimentation biologique. Chaque cliché a une part de vérité (aussi maigre soit-elle). La première peut s’avérer compliquée, mais des alternatives existent. La seconde, heureusement pour nous, est de plus en plus accessible. Et la Beauce n’est pas en reste, bien au contraire.
Les Potagers de la Loup – Ferme biologique beauceronne
Bienvenue à Saint-Côme-Linière. Une petite localité paisible de plus de 3 000 habitants à une dizaine de kilomètres de Saint-Georges. À sa sortie, en longeant la Route du Président Kennedy et la Rivière du Loup vers les lignes américaines du Maine, tu pourras apercevoir la ferme en question : les Potagers de La Loup.
Pier-Luc, le créateur et gérant de la ferme fait partie de ces personnes que tu pourrais écouter parler pendant des heures. La passion, le respect de la terre et l’engagement pour son environnement transpirent.
Ça m’inspire ! 🤩
Pour commencer, je me souviens encore très bien de notre rencontre. Cette dernière a eu lieu au Grand Marché, reconnu dans le coin pour la mise en avant des producteurs locaux de la Beauce. Après quelques minutes de discussion, nous avions été invités à visiter la ferme. Il n’en fallait pas plus pour nous convaincre.
Nous avons enfin trouvé notre ferme maraîchère écologique et biologique !
Rendez-vous à la ferme
Notre rituel de la semaine consiste à récupérer notre panier complet à la ferme, chaque vendredi, entre 14h et 18h.
Il y tient également son marché, où il y propose la production de la semaine.
🥒🌽🥔🍆🥕🌶️🧄
Sinon, tu peux également le retrouver au Grand Marché de Saint-Georges que j’évoquais toute à l’heure, sur la 1ere Avenue, chaque jeudi après-midi, de 16h à 18h.
Je sens ta curiosité arriver. Voilà le détail de notre sixième panier de la saison (sur 16) :
Céleri
Poireau
Bok Choi
Maïs sucré
Haricot
Poivron mauve
Courgette
Concombre
Carottes
Basilic
Chou Chinois
Chou vert
Fenouil
Pois vert
Piment Shishito
Bette à Carde
Voilà un assortiment très varié ! Certains t’interpellent ? Logique, nous avons découvert de nombreux légumes que nous ne connaissions même pas ! L’avantage d’être en contact avec Pier-Luc, de venir flâner à la ferme, de chercher son panier, c’est aussi qu’il prend le temps de te conseiller, de te partager une petite recette, d’échanger quelques conseils… Fini la routine et le manque d’idées en fin de semaine quand il s’agit de cuisiner ou de faire du « batch cooking » pour les boîtes à lunch ! 😱🤯
👉 Si tu veux connaitre tous les secrets d’un batch cooking réussi, rendez vous dance cet article !
Devenir maraîcher bio, une vocation
Après avoir réalisé un DEC en Écologie Appliquée au CEGEP, il a décidé de renforcer ses connaissances grâce à une formation plus poussée en horticulture. Donc quand il te dit qu’il brasse ses sols avec parcimonie pour ne pas perturber le cycle naturel de l’azote dans la terre et maintenir un taux de phosphore équilibré tout en évitant de brûler les nutriments, tu as envie de lui faire confiance et de goûter à ses produits.
C’est sans compter une idéologie/philosophie que nous prônons avec conviction : l’amour et le respect de la nature. Idéalement, si nous ne pouvons pas nous fournir en produits biologiques nous essayons au minimum d’opter pour du local et/ou saisonnier. Personne n’est parfait, mais si chacun réalise de petits gestes au quotidien, en fonction de ses moyens, nous contribuerons tous à favoriser la préservation de notre écosystème pour les générations à venir (et notre santé, au passage). Car en réalité, c’est bien de nos enfants qu’il est question aujourd’hui.
A ce propos, si des acteurs locaux comme Pier-Luc pouvaient intervenir dans nos écoles dès le plus jeune âge, je suis persuadé que l’impact serait considérable. L’écologie et le développement durable comme matière à part entière pour le programme du primaire et du secondaire, voilà de quoi changer les mentalités et donner accès au champ des possibles à toute une nouvelle génération, qu’en penses-tu ? 🌍💚
👉 Quelle belle transition pour l’article du mois prochain sur le blog de la Beauce Embauche, car tu l’auras deviné, en septembre, c’est la rentrée ! Reste fidèle au poste. 🤗
👉 D’ailleurs, si tu souhaites revivre notre précédente rentrée, en 2020, c’est par ici que ça se passe !
Quelques chiffres
De manière générale, depuis quelques années, le secteur biologique reste la branche qui détient la plus forte croissance dans le marché agroalimentaire québécois. Une hausse de 10% de sa production chaque année. Encouragent, rassurant et extrêmement satisfaisant. À ce propos, la région Chaudière-Appalaches fait figure de premier de la classe puisqu’elle se positionne en tête du classement du nombre d’entreprises certifiées biologique de la Belle Province ! Quasiment une entreprise sur 5 qui produit du bio est installée en Beauce ou à proximité : quelle fierté (une de plus) !
Et si l’on revenait à Pier -Luc, en quelques dates :
2012 : date du premier jardin de Pier-Luc, autour de la maison familiale. L’objectif : produire pour sa propre consommation personnelle et tendre vers l’autosuffisance (en légumes).
2013 : la volonté de se développer et de mettre en pratique son savoir et de le partager se fait ressentir. Démarrage à temps plein, seul, sur les terres qu’il occupe encore aujourd’hui. Ce virage à 180 degrés à mis fin à l’exploitation de maïs OGM de l’ancien occupant des lieux et à l’utilisation du pesticide mondialement connu et largement remis en question à juste titre aujourd’hui selon moi.
Octobre 2019 : le précieux sésame est enfin obtenu ! La certification biologique est attribuée aux Potager de la Loup ! Visites annuelles, analyses, suivi de fertilisation, test de l’eau, etc..
2021 : sa culture s’étend sur une surface d’1,5 hectare. Il pourrait l’accroitre d’encore de 50%, mais cela demanderait de nombreux investissements et un volume de main-d’œuvre supplémentaire considérables. Dorénavant, c’est plus d’une centaine de familles qui dégustent ses paniers chaque semaine ! Chapeau !
Produire bio, au fil du temps…
Aussi, je m’interrogeais énormément sur un aspect : quelles étaient les répercussions du changement climatique sur son activité ?
Loin de moi l’idée d’enfoncer une porte ouverte ou d’alimenter la controverse afin d’entamer un ultime débat entre lanceurs d’alertes et climatosceptiques. Simplement recueillir l’avis pragmatique et le ressenti d’un professionnel sur le terrain.
Et quelle surprise, de l’entendre dire qu’avant 2017, aucun système d’irrigation — en dehors des serres — n’était nécessaire. Depuis ces 4 dernières années, impossible de s’en passer.
A noter également l’intensité des « extrêmes météorologiques » : canicules en juin, alternées par de fortes pluies omniprésentes sur une courte durée, de la grêle plus fréquente, dont il a été victime cette année, etc..
⛈️🌪️🥵🥶
Également, je me questionnais sur l’investissement en termes de temps personnel ? La nature ne fait pas de pause la fin de semaine…
Sachant qu’il est un adepte du fait soi-même, il passe une centaine d’heures auprès de ses légumes par semaine. Il faut vraiment être passionné.
D’autant plus qu’il n’y a pas de place pour les intrants, cela va de soi. Le désherbage se fait à la main. Je ne sais pas si tu imagines la superficie que représente 1.5 hectare : c’est un peu plus de 2 terrains de foot (pour toi, lecteur 🇫🇷 et terrains de soccer pour les fans 🇨🇦). La préparation des terres est fastidieuse, début mai, durant 2 à 3 semaines, avec la remise en place de certaines bâches (qui permettent aux vers de travailler la terre), la préparation des sols, l’organisation des plantations, selon une rotation et un ordre bien précis, etc..
Enfin, lors de la clôture de la fin de saison, Pier-Luc laisse la nature reprendre le dessus. Décomposition naturelle, aucune intervention manuelle.
Des paroles à l’action
Le turn-over est assez élevé dans son activité. Le manque de main-d’œuvre criant de la région l’affecte également. De ce fait, il oscille entre deux ou trois employés, tout en étant épaulé par ses parents et sa grand-mère.
Durant notre quinzaine de congés, nous décidons donc de prêter main-forte à l’équipe (réduite) de la ferme. 💪
Pour plusieurs raisons :
Apprendre
Rendre service
Nous impliquer dans la vie locale
Montrer l’exemple et apporter un exemple concret à notre fils de 12 ans de la valeur du travail. Des légumes frais et de surcroît biologiques n’intéressent pas par magie dans nos paniers hebdomadaires en fin de semaine.
Résultat des courses ? Nous avons adoré et surtout notre fils, qui dès le plus jeune âge a développé un attachement tout particulier au respect de notre planète et à tous les écosystèmes qui en font partie.
C’est donc fatigués, transpirants, mais remplis de fierté que nous avons quitté le champ ce jour-là, après notre récolte de pois sucrés et de haricots mauves.
Et après ? Quel avenir pour les Potagers de la Loup ?
J’aime me projeter et ma curiosité me pousse à connaître la vision de mes interlocuteurs et notamment pour cette ferme bio en Beauce. La prochaine étape qui lui permettrait de pérenniser et de développer davantage son activité, qui pour l’instant reste saisonnière, serait d’investir dans la construction d’un bâtiment, de serres chauffantes et d’opter pour un développement axé sur plus de permaculture. Ajouter des lignées d’arbres fruitiers par exemple (un festin pour les Cerfs de Virginie de la forêt d’à côté !) dont les racines iraient chercher des nutriments essentiels dans le sol et dont les feuilles mortes à l’automne serviraient d’apport organique essentiel à l’ensemble de l’exploitation. Rien n’est défini ni inscrit dans le marbre pour le moment.
Sinon, côté légumes, tu seras comblé. D’un point de vue fruitier, c’est plus compliqué. Les normes drastiques et le climat rigoureux rendent l’équation bien plus délicate que tu l’imagines. De plus, le volume d’insectes et le temps alloué pour s’occuper des plants sont vraiment considérables.
Bien entendu, il n’est pas question d’être trop prétentieux et/ou trop gourmand. Malgré une organisation millimétrée, il accuse 15 à 25% de pertes (« naturelles »), inutile dans rajouter dans un excès d’optimisme. L’agriculture biologique c’est aussi savoir rester raisonnable.
Malgré tout, son assortiment comprend aussi des prunes-cerises, des melons charentais, des melons miel, des cerises de terre, des melons d’eau et j’en oublie sans doute d’autres.
🍒🍈🍉
Bref, Pier-Luc avance à son rythme, sans prétention, mais avec conviction et passion.
Encourageons nos producteurs locaux et notamment cette ferme bio en Beauce
Après nos nombreuses conversations, au coin d’un stand au marché, à la ferme et au jardin, je suis en admiration face à ce type d’acteurs locaux. Dévoués, impliqués et engagés, ils investissent leur temps (et leur argent) pour le bien de la collectivité et de notre environnement.
En fin de compte, si je devais résumer sa profession, je dirais qu’il est question, perpétuellement et indéfiniment de TROUVER L’ÉQUILIBRE ! 🍀
Un équilibre que nous nous efforçons nous-mêmes de trouver au quotidien, socialement, professionnellement, environnementalement et éthiquement parlant.
Pier-Luc, lui en a décidé d’en faire son métier et nous te sommes vraiment reconnaissants.
Je pourrais en parler des heures, mais le plus simple, c’est d’aller le rencontrer. L’essayer, c’est l’adopter !
Bonne visite !
À bientôt et surtout, continue de rêver !
Bye-Bye
© Stalimapics – Profiter de l’instant. Vivre, simplement !
Allô ! Voilà un bien bel article qui valorise ces hommes et ces femmes qui oeuvrent chaque jour avec courage et persévérance pour rendre notre alimentation plus proche de nous, plus proche de l’environnement, plus proche de nos valeurs…
Merci ! Il me semblait important de souligner l’audace, les convictions et l’importance du travail accompli par ces petits acteurs du quotidien qui comptent pour nous… 🙂